21ème dimanche du temps ordinaire (C)

CLÉ ROYALE
Si tout l’Évangile devrait être notre compagnon de route, il y a certaines pages qu’il faudrait relire régulièrement pour se tenir devant elles et se laisser regarder par elles. L’extrait proposé ce dimanche en fait partie.

Tandis qu’il fait route vers Jérusalem et l’extrême don, Jésus traverse villes et villages en partageant l’essentiel pour lequel il est venu parmi les hommes, et répondant aux questions existentielles de ses auditeurs. Cette proximité-là est déjà une bonne nouvelle. Jésus est en Visitation. Il passe dans la vie des gens pour venir ouvrir la fenêtre de l’essentiel dans leurs vies. Alors oui… on comprend la question, voire l’inquiétude: est-ce finalement un petit nombre qui sera sauvé? Ces chanceux qui auront pu entendre le maître… ? En réalité, cela fait longtemps que la Parole circule parmi les fils d’Israël à travers les Patriarches, les prophètes… le peuple de Dieu a reçu visitation sur visitation dans son histoire pour être guidé sur les chemins de la sainteté, recevant grâce sur grâce, malgré son péché.

La Parole définitive a été prononcée par le Père et c’est sous leurs yeux et dans leurs mains qu’elle se trouve. Jésus, livré à ses contemporains, leur ouvre l’histoire sainte et leur donne les clés du Royaume. En bout de course, il focalise ses auditeurs sur la qualité de leur écoute. Il ne suffit pas d’être les destinataires du message, il faut encore le mettre en pratique. Voilà l’examen permanent auquel nous sommes conviés.

Sommes-nous bien dans l’axe de cette Parole venant du Père et nous enjoignant à la justice de l’amour ? Pas d’autre règle. Mais elle bouleverse toutes les autres… l’amour surpasse toutes les formes du mal, les engloutit. L’amour nous presse. Il y a urgence à vivre ce que l’Évangile nous dit. Il y a urgence, parce que plus personne ne supporte les mots creux. Jésus nous a montré comment échapper à l’existence volatile. Il a rempli à chaque instant sa vie des mots et des gestes que le Père et l’Esprit lui inspiraient au creux de sa prière la nuit.

Alors il est temps de rêver, d’écouter de tout notre être ce souffle qui sourd de notre nuit pour lui prêter notre chair et notre visage. Nous sommes ordonnés à l’amour et à sa justice, et il nous revient de le traduire ici et maintenant pour tous ceux qui nous entourent. Il nous revient d’offrir au monde notre engagement et notre espérance que l’amour plus grand s’imposera dans toutes nos impasses. La révolution à notre échelle est ferment des plus grandes. Et Dieu voit grand, plus grand que nous !

Marie-Dominique Minassian
Equipe Évangile&Peinture