7ème dimanche du temps ordinaire (C)

Divine symétrie

L’impossible amour est mis devant nous aujourd’hui. Comme si l’on pouvait mettre côte à côte, impunément, les mots amour et ennemis. Amour rétorqué à chaque coup, à chaque insulte, à chaque injustice. Amour injecté en toutes situations. Dieu se fait le garant de nos réponses à la jalousie, à la haine, et à la calomnie. Il les nourrit de sa foi constamment renouvelé en l’humain défiguré. Qui lui redonnera donc visage ? Il lui faut des terres hermétiques à l’outrage, et accueillantes à son espérance. Il lui faut des visages trempés dans sa tendresse qui diluent la violence et accèdent par le regard au visage d’enfance du frère et de la sœur perdus.

Il y a un amour entêté qui prend sa source dans l’espace sans limite de la bonté du Père. Pour y accéder, il faut la foi lucide de ceux qui se savent pauvres devant un si grand appel. Comment vivre pareille existence au comble de sa lumière quand on l’écrase ? Mystère de ces êtres vivant d’une lumière cachée qui se révèle si puissamment dans la nuit. Luminescence témoignant d’un amour asymétrique. Dieu met son coeur à notre portée pour aimer ceux qui ne nous aiment pas et nous le montrent.

Le curseur est porté à son maximum d’amplitude et ne s’arrête plus de grandir en désir de vivre à ce point d’incandescence. Il n’y a pas d’existence plus libre que celle qui n’a rien de plus précieux que cet amour-là que rien ne lui arrachera. Le mal subi ne saurait éclipser cette issue de secours toujours disponible. Dieu est le réservoir de nos impossibles. Grâce infinie nous conviant à une échappée permanente, nous gagnons jour après jour en racines et en fruits de ressemblance. On ne cherche plus à l’extérieur ce qui nous fait vivre. On n’en dépend plus. Ce qui fait vivre est à l’intérieur. Appelé dans la prière, Dieu s’invite dans nos quotidiens compliqués et y dépose son germe d’amour transfiguré, vainqueur du mal. Le Christ nous apprend la vie à l’ombre de la croix. Elle est remise à nos mains tendues qui mendient le remède à nos vies malades, blessées, désespérées.

Ton fil de bonté, Seigneur, nous tient ensemble dans une espérance contre toute espérance, traduite en gestes sauveurs. Nous sommes en état de mort dépassée. Elle ne nous tient plus captifs du manque. Nous vivons désormais sous le signe de l’excès et du débordement. C’est d’amour dont il s’agit. Et c’est grave de conséquences. Optons résolument pour l’asymétrie… Dieu pourvoira.