Évangile selon saint Jean (12, 20-33)
ULTIME MARCHE
Cette page d’évangile ressemble à un carrefour. A moins d’une direction claire, l’hésitation peut aisément se glisser dans l’itinéraire. Jésus vient d’accomplir un signe décisif. Il a fait revenir Lazare à la vie. Et cependant, plus que jamais, deux camps semblent se former. Ceux qui sont éblouis et cherchent à le suivre, et ceux qui sont bien décidés à écarter la menace qu’il constitue pour leur pouvoir. Le jugement s’accomplit: Jésus attire ou repousse… il n’exclut personne de lui-même. Au contraire. Il est venu pour que le monde ait la vie, qu’il l’ait en plénitude. Et il s’apprête à payer de sa propre vie pour cela.
Sa véritable puissance ne réside cependant pas dans le miracle du retour à la vie de Lazare, mais dans le jusqu’au bout du don que Jésus embrasse librement par amour des hommes. Sa capacité à se dessaisir de sa vie est l’extrême stade de la liberté aimantée par l’amour. Son existence tournée vers le Père perçoit l’ultime marche et ne se dérobe pas. Le serviteur souffrant dont parlait le prophète Isaïe est là, sous nos yeux, vibrant de cette vie qu’il possède tellement qu’il n’a pas peur de la remettre une fois de plus à Celui dont il la tient. Tout vient du Père et tout y retourne. Tout autre mouvement serait détournement de grâce.
Le carrefour continue d’impressionner, même si la direction est connue. L’existence qui se met dans la balance impressionne aussi. L’enjeu, c’est nous. Quel amour qui ne donne pas tout ce qu’il a serait croyable ? Il serait au contraire bien pitoyable… L’amour n’a pas d’autre issue que ce jusqu’au bout, dans cette réquisition permanente de toute la vie. Rien ne sera perdu. Tout sera semé pour fleurir à perte de vue. L’horizon que Jésus nous a fait toucher de tout son être, c’est le Royaume. Il va monter sur la croix pour en faire un panneau indicateur pour tous. L’amour en lui n’aura pas trompé. Il aura tout donné. Et nous ? À qui irons-nous?
Tu as dressé pour notre désir le carrefour décisif et sans retour. Si c’est bien d’amour dont nous rêvons, alors mettons-nous à l’école du Fils. La direction, c’est lui qui nous la donnera à chaque instant. Du haut de sa croix, il nous espère, cheminant à bonne allure vers la joie du Père. Ne quittons pas ce lieu source devenu notre boussole qui pointera toujours vers le plus grand amour. Comment cela se fera-t-il ? L’Esprit… Il te prendra sous son ombre. Dis oui, chaque jour. Il fera le reste !
Marie-Dominique Minassian
Equipe Évangile&Peinture
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