Évangile selon saint Jean (3,1-15)

Avant la fête de la Pâque, sachant que l’heure était venue pour lui de passer de ce monde à son Père, Jésus, ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, les aima jusqu’au bout. Au cours du repas, alors que le diable a déjà mis dans le cœur de Judas, fils de Simon l’Iscariote,  l’intention  de  le livrer, Jésus, sachant que le Père a tout remis entre ses mains, qu’il est sorti de Dieu et qu’il s’en va vers Dieu, se lève de table, dépose son vêtement, et prend un linge  qu’il se noue à la ceinture ;puis il verse de l’eau dans un bassin. Alors il se mit à laver les pieds des disciples et à les essuyer avec le linge qu’il avait à la ceinture. Il arrive donc à Simon-Pierre, qui lui dit : « C’est toi, Seigneur, qui me laves les pieds ? » Jésus lui répondit : « Ce que je veux faire, tu ne le sais pas maintenant ; plus tard tu comprendras. » Pierre lui dit : « Tu ne me laveras pas les pieds ; non, jamais ! » Jésus lui répondit : « Si je ne te lave pas, tu n’auras pas de part avec moi. » Simon-Pierre lui dit : « Alors, Seigneur, pas seulement les pieds, mais aussi les mains et la tête ! » Jésus lui dit : « Quand on vient de prendre un bain, on n’a pas besoin de se laver, sinon les pieds : on est pur tout entier. Vous-mêmes, vous êtes purs, mais non pas tous. » Il savait bien qui allait le livrer ; et c’est pourquoi il disait : « Vous n’êtes pas tous purs. » Quand il leur eut lavé les pieds, il reprit son vêtement, se remit à table et leur dit : « Comprenez-vous ce que je viens de faire pour vous ? Vous m’appelez “Maître” et “Seigneur”, et vous avez raison, car vraiment je le suis. Si donc moi, le Seigneur et le Maître, je vous ai lavé les pieds, vous aussi, vous devez vous laver les pieds les uns aux autres. C’est un exemple que je vous ai donné afin que vous fassiez, vous aussi, comme j’ai fait pour vous. »

Extrait de la Traduction Liturgique de la Bible – © AELF, Paris

OVATION POPULAIRE

EPIPHANIE ULTIME

Il y a des événements dont la charge de sens excède nos capacités à les réceptionner dans leur ampleur sur le moment. Ce dernier repas que Jésus a partagé avec les siens a du être de ceux-là. Jésus l’a pourtant investi de tout son être. Et pour cause. Lui savait ce qui l’attendait. Cette Pâque allait être la sienne. Il allait être dans sa chair le réceptacle d’un amour qui surpasse ce que la terre a connu jusque-là. L’amour sans limite, sans retour, inconditionnel, va embrasser le mal qui l’entoure et le dissoudre dans le pardon par avance. A genoux devant les hommes qui vont déserter le jardin de son angoisse et l’abandonner à son chemin de croix, Jésus dévoile le fond de son être: amour jusqu’au bout. Le fils de Dieu est le message délivré par le Père aux hommes de tous les temps. Il n’y en aura pas d’autre. Amour depuis toute éternité, il est entré dans le temps des hommes pour cette heure que nul autre ne pouvait assumer. La trahison a trouvé sa parade. L’amour l’a privé de son pouvoir. Rien ne le fera se dédire.

C’est nous aujourd’hui qui sommes dans ses mains pour entrer dans cette heure. Nous ne savons pas ce qui nous arrive mais nous savons ce qui nous attend. L’amour nous attend pour être délivré du mal qui voudrait l’enchaîner à son pouvoir. Devant la mort qui l’attend Jésus investit de tout son être le moment présent et le charge de sa bonté pour en nourrir la mémoire de ses disciples. “Comme j’ai fait pour vous, faites-le pour les autres”. Faisons-donc mémoire de la manière dont Jésus s’est approché de notre vie, comment il nous a aimé embrassant notre histoire et notre devenir: toucher décisif dont chaque cellule de notre corps se veut désormais être un miroir. Sa délicatesse et sa persévérance nous enseignent dans ce contact unique et personnel. Jésus s’est penché sur chacun de nous pour que nous portions collectivement ce témoignage de l’amour victorieux du mal et de la mort. Cela commence dans notre histoire pour atteindre celles de ceux que nous croisons. Amour diffusif, libérateur. La mort rapprochée décuple le désir de vie. Et l’amour l’oriente vers les autres. L’heure de passer avec Jésus de ce monde vers le Père est venue. Il y a urgence de vivre ce jusqu’au bout pour que l’amour poursuive sa route dans le coeur de tous. Ne brisons pas l’élan du Fils en nous. Prêtons-lui corps et sang. C’est pour une épihanie. Le Seigneur en a besoin…

Marie-Dominique Minassian

Equipe Evangile@Peinture

Pour vous ressourcer pendant cette Semaine Sainte
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