Évangile selon saint Marc (16, 1-7)

Le sabbat terminé, Marie Madeleine, Marie, mère de Jacques, et Salomé achetèrent des parfums pour aller embaumer le corps de Jésus. De grand matin, le premier jour de la semaine, elles se rendent au tombeau dès le lever du soleil. Elles se disaient entre elles : « Qui nous roulera la pierre pour dégager l’entrée du tombeau ? » Levant les yeux, elles s’aperçoivent qu’on a roulé la pierre, qui était pourtant très grande. En entrant dans le tombeau, elles virent, assis à droite, un jeune homme vêtu de blanc. Elles furent saisies de frayeur. Mais il leur dit : « Ne soyez pas effrayées ! Vous cherchez Jésus de Nazareth, le Crucifié ? Il est ressuscité : il n’est pas ici. Voici l’endroit où on l’avait déposé. Et maintenant, allez dire à ses disciples et à Pierre : “Il vous précède en Galilée. Là vous le verrez, comme il vous l’a dit.” »
Extrait de la Traduction Liturgique de la Bible – © AELF, Paris

 

VISITATION TOMBALE

Les images de la veille nous hantent. Les cris et le grand silence qui a suivi nous pèsent. La mort a commencé à s’insinuer. Elle nous tient. Sa présence nous dérange. Toute cette violence a célébré sa victoire. Il ne restait plus qu’un corps inerte déposé dans un tombeau en attendant de pouvoir s’en occuper au lendemain du sabbat. La croix a fait son œuvre. Tout semble terminé. On doit vivre avec. Mais tout en nous résiste. La vie émerge. La vie logée dans la mémoire se libère. Elle lutte contre l’absence déjà là. Le trou, le vide ne sont pas aimés. Les traces de l’autre sont sécrétées comme des antidotes à la douleur prenante de l’arrachement.

 

Qui va gagner? La mort et sa réalité crue ? ou bien l’autre, si présent soudainement dans nos pensées vagabondes, comme des bulles d’oxygène éclatant et libérant leur baume dans le couloir de la douleur. Et qui prend soin de qui ? Cette journée sans pouvoir rien faire sur ce corps gisant… Cela aussi est une pensée obsédante… Le moral flanche et la pesanteur du jour emmène vers la nuit. Tout semblait dit puisque la vie s’est envolée. Et celle de ceux qui restent bute sans cesse contre les impossibilités. Qui nous roulera la pierre?  Vie incertaine, compliquée, empêchée… Qui… ? Mais nos pas décidés y vont quand même. Il faut… on verra bien… de fait, les choses ne sont pas comme elles auraient dû être… la pierre est roulée et à l’intérieur, c’est l’annonce au bout de la frayeur. L’impossible fait irruption dans les ruminations dévastées. L’issue se dessine. C’est dehors, sur les chemins même de la vie partagée que cela se passe. Il faut y revenir. C’est là qu’il nous attend.

 

La frayeur fait place à la stupeur. Il faut rebrousser chemin, rebrousser la peine, croire la vie. Comment cela se fera-t-il? Il faut suivre les mots qui sont maintenant pressés de vérifier. Ils se bousculent et courent délivrer le message aux plus proches. La résurrection est en marche. La vie s’emballe. Il y a du nouveau que le tombeau n’a pu contenir. L’aventure se poursuit donc !? Nous étions à bout de souffle, à bout de joie, à bout de coeur. Nous voici, la foi à bras-le-corps, quittant le silence et arpentant les possibles. Et si… ? Et si c’était vrai? Et si la résurrection était à voir, là, dans la vie ? Et si nous délaissions la mort, son œuvre évidente de délitement, pour nous éveiller à l’aurore de ce qui naît ?

 

Marie-Dominique Minassian
Equipe Évangile&Peinture

 

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