Évangile selon saint Matthieu (21, 28-32)

 

En ce temps-là, Jésus disait aux grands prêtres et aux anciens du peuple :  « Quel est votre avis ? Un homme avait deux fils. Il vint trouver le premier et lui dit : “Mon enfant, va travailler aujourd’hui à la vigne.” Celui-ci répondit : “Je ne veux pas.” Mais ensuite, s’étant repenti, il y alla. Puis le père alla trouver le second et lui parla de la même manière. Celui-ci répondit : “Oui, Seigneur !” et il n’y alla pas. Lequel des deux a fait la volonté du père ? » Ils lui répondent : « Le premier. » Jésus leur dit : « Amen, je vous le déclare : les publicains et les prostituées vous précèdent dans le royaume de Dieu. Car Jean le Baptiste est venu à vous sur le chemin de la justice, et vous n’avez pas cru à sa parole ; mais les publicains et les prostituées y ont cru. Tandis que vous, après avoir vu cela, vous ne vous êtes même pas repentis plus tard pour croire à sa parole. »

 

Extrait de la Traduction Liturgique de la Bible – © AELF, Paris

 

VOLONTÉ ÉCONDUITE

Comment faire voler en éclat une bonne conscience? En impliquant le fautif dans le jugement d’une situation similaire. Le procédé n’est pas nouveau. Il est même très efficace. Le prophète Nathan avait ainsi contraint le roi David à la vérité sur son odieux complot pour assouvir son désir de Bethsabée, la femme d’un autre (2 S 11-12)…

 

La conscience est généralement droite. Elle juge toujours du bien à faire. Mais elle n’en arrive pas toujours aux actes, faute de la volonté de le faire. La parole véhicule les deux: elle désigne le bien et exprime la volonté. Il arrive cependant qu’elle soit perturbée par une volonté désorientée… et qu’elle soit mise en déroute. Mais des actes désordonnés peuvent être repêchés par une volonté raccrochée à la parole qui les dévoile. La parole est Visitation. Elle éclaire le bien à vivre, et vient enrôler la volonté de le faire. Faire justice à cette Visitation, c’est traduire la parole en actes. Pour cela, il faut croire la parole, lui faire bon accueil, y discerner le bien à vivre et faire confiance à celui qui l’exprime. Epouser la parole de l’autre, la porter jusque dans les actes, c’est l’humilité du juste. La volonté n’est pas une liberté autonome. Sa vocation est d’accomplir le bien, de le faire advenir…

 

Aimer n’est rien d’autre que de vivre dans sa chair ces épousailles avec le bien. J’aime, donc je vis. Le sommet d’intensité de l’amour, c’est la croix. Il n’était pas question pour Jésus de s’y dérober, ni de mourir. Mais de vivre et d’aimer… jusqu’à mourir s’il le fallait.

 

Nos martyrs d’hier et d’aujourd’hui sont nos maîtres en cohérence. La vérité de l’évangile n’est pas volonté fantasque d’un père imaginaire, mais nécessité d’amour reconnue au jour le jour par tous ceux qui se risquent à cette communion en acte et en vérité. Sur le trajet de l’évangile proclamé, serons-nous bien décidés à vivre cette folie jusqu’à devenir la chair de ces mots ? Seigneur, qu’il me soit fait selon ta parole… Marie, la première cohérente en connaît le prix !

Marie-Dominique Minassian

Equipe Evangile&Peinture

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