Évangile selon saint Jean (20, 19-31)
RÉANIMATION PASCALE
Que d’obstacles! Nous fêtons d’année en année la résurrection de Jésus, et c’est la liturgie qui nous confronte à la difficulté de croire. Les disciples n’y échappent pas. L’expérience du tombeau vide n’as pas été une évidence de foi pour tous. Pierre, Marie-Madeleine… Il a fallu un second temps, une répétition. Comme si les sécurités mentales devaient être d’abord ébranlées pour être ensuite définitivement levées. La foi est une reddition de tout l’être, un désarmement profond devant ce fait inouï qui dépasse l’entendement. La résurrection n’appartient pas à l’ordre de la nature. Elle le supplante ouvrant grandes les portes de la vie sur le vestibule du Royaume. Ce passage d’un monde à un autre, c’est la foi qui l’accomplit et y fait accéder. La foi est rencontre, modification de soi au contact du Royaume. Mais il peut y avoir refus, évitement, contournement, préservation de soi. Ceux qui ont croisé la route de Jésus ont vécu cela. Ses disciples aussi. Et au bout de leur compagnonnage avec leur maître, c’est pour eux la toute dernière épreuve, sa mort, qui les accule à l’acte de foi ultime, les faisant basculer dans la vie qui ne finit pas. Pour ce faire, Jésus leur apparaît. À quelques-uns d’abord… ils sont bouleversés mais ils ne sont pas crus par les Onze quand ils rapportent cette rencontre. Jésus va donc leur apparaître collectivement. Seul Thomas n’est pas là. Sa paix les rejoint dans leur peur. Mais malgré leur envoi en mission et le souffle reçu du Ressuscité, ils restaient toujours reclus, portes verrouillées. Il fallait une répétition. Il fallait vaincre la résistance ultime de l’un d’entre eux pour que le corps tout entier des disciples s’en trouve libéré, affranchi. Cela ne pouvait pas se faire par le témoignage des autres, mais seulement par un contact direct avec le Crucifié-Ressuscité…
La réalité de la mort n’est pas effacée par la Résurrection. Elle est supplantée. Elle n’est plus un point final mais le point focal qui emmène la vie sur un autre versant. La foi nous fait vivre depuis l’autre rive. Les croyants sont des sur-vivants. La foi en la Résurrection n’est pas de l’ordre de l’évidence. Elle n’est pas matérielle. Elle lutte contre une absence. Elle est mémoire d’une annonce et bouleversement d’une rencontre. Elle a besoin du témoignage des autres et de la rencontre avec le Crucifié-Ressuscité. L’un valide l’autre.
Notre cœur est prompt au doute. Il lui faut la répétition de la grâce pour s’abandonner au mystère de la vie victorieuse de la mort. Dieu sait. Dieu donne. Et redonne. Béni soit Dieu !
Marie-Dominique Minassian
Equipe Évangile&Peinture
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POUR PROLONGER LA MEDITATION: « la vie sans mesure des moines de Tibhirine » https://www.unifr.ch/istac/fr/assets/public/files/recherche/tibhirine/6_Minassian_Vies%20sans%20mesures_2.pdf