Évangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu (5,13-37)

En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Ne pensez pas que je sois venu abolir la Loi ou les Prophètes : je ne suis pas venu abolir, mais accomplir. Amen, je vous le dis : Avant que le ciel et la terre disparaissent, pas un seul iota, pas un seul trait ne disparaîtra de la Loi jusqu’à ce que tout se réalise. Donc, celui qui rejettera un seul de ces plus petits commandements, et qui enseignera aux hommes à faire ainsi, sera déclaré le plus petit dans le royaume des Cieux. Mais celui qui les observera et les enseignera, celui-là sera déclaré grand dans le royaume des Cieux. Je vous le dis en effet : Si votre justice ne surpasse pas celle des scribes et des pharisiens, vous n’entrerez pas dans le royaume des Cieux. Vous avez appris qu’il a été dit aux anciens : Tu ne commettras pas de meurtre, et si quelqu’un commet un meurtre, il devra passer en jugement. Eh bien ! moi, je vous dis : Tout homme qui se met en colère contre son frère devra passer en jugement. Si quelqu’un insulte son frère, il devra passer devant le tribunal. Si quelqu’un le traite de fou, il sera passible de la géhenne de feu. Donc, lorsque tu vas présenter ton offrande à l’autel, si, là, tu te souviens que ton frère a quelque chose contre toi, laisse ton offrande, là, devant l’autel, va d’abord te réconcilier avec ton frère, et ensuite viens présenter ton offrande. Mets-toi vite d’accord avec ton adversaire pendant que tu es en chemin avec lui, pour éviter que ton adversaire ne te livre au juge, le juge au garde, et qu’on ne te jette en prison. Amen, je te le dis : tu n’en sortiras pas avant d’avoir payé jusqu’au dernier sou. Vous avez appris qu’il a été dit : Tu ne commettras pas d’adultère. Eh bien ! moi, je vous dis : Tout homme qui regarde une femme avec convoitise a déjà commis l’adultère avec elle dans son cœur.
Si ton œil droit entraîne ta chute, arrache-le et jette-le loin de toi, car mieux vaut  pour toi perdre un de tes membres que d’avoir ton corps tout entier jeté dans la éhenne. Et si ta main droite entraîne ta chute, coupe-la et jette-la loin de toi, car mieux vaut pour toi perdre un de tes membres que d’avoir ton corps tout entier qui s’en aille dans la géhenne. Il a été dit également : Si quelqu’un renvoie sa femme, qu’il lui donne un acte de répudiation. Eh bien ! moi, je vous dis : Tout homme qui renvoie sa femme, sauf en cas d’union illégitime, la pousse à l’adultère ; et si quelqu’un épouse une femme renvoyée, il est adultère. Vous avez encore appris qu’il a été dit aux anciens : Tu ne manqueras pas à tes serments, mais tu t’acquitteras de tes serments envers le Seigneur. Eh bien ! moi, je vous dis de ne pas jurer du tout, ni par le ciel, car c’est le trône de Dieu, ni par la terre, car elle est son marchepied, ni par Jérusalem, car elle est la Ville du grand Roi. Et ne jure pas non plus sur ta tête, parce que tu ne peux pas rendre un seul de tes cheveux blanc ou noir. Que votre parole soit ‘oui’, si c’est ‘oui’, ‘non’, si c’est ‘non’. Ce qui est en plus vient du Mauvais. »

Extrait de la Traduction Liturgique de la Bible – © AELF, Paris

 

MENTION PERFECTION

“Je ne suis pas venu abolir mais accomplir”, dit Jésus… A ce stade de sa prédication, il n’a pas encore rencontré d’opposition. Son premier discours aurait dû rassurer les autorités du moment. Si le sujet, c’est bien Dieu et sa parole, ses commandements et ses lois, alors Jésus est bien là pour en vivre la fine pointe, et y introduire ceux qui viendront à sa suite. Il devient le portail d’un monde plus large dont la Loi et les Prophètes n’étaient que les prémices.

Pour y entrer, Jésus nous ouvre à la densité de sa propre interprétation. “Moi je vous dis”. Son autorité vient de son appropriation sans réserve de la Loi de vie du Père, et de son humanité éblouie par le Royaume qu’il inaugure. Jésus éclaire, élargit, prolonge, élève. En lui, la Loi reprend vie et conduit droit au seul bien. La Loi redevient chemin jalonné par les envoyés de Dieu pour en rappeler le terme. En Jésus, l’autorité c’est Dieu son Père. Les mots qu’il avait disposé dans l’histoire des hommes devaient conduire à lui, le Verbe, qui les oriente définitivement, et leur donne sens. L’ultime est dans ses mains et pourtant c’est lui qui s’en remet aux nôtres pour que vive l’amour auquel il nous a fait croire par le don de sa vie. Sa justice nous rejoint et nous percute. “Il est juste et bon de te rendre grâce”. Notre eucharistie est reconnaissance collective d’une rencontre décisive dans nos existences, les arrachant à l’incertitude et à l’errement. Son Moi divin nous rejoint en chemin et soumet à notre désir de vie sa complétude. C’est une nouvelle densité d’existence qui la tire de la sienne. Rien à voir avec le conformisme légaliste.

Nous sommes propulsés dans le pouvoir de chaque mot prononcé: liberté des enfants de Dieu. Responsabilité de leur donner la consistance de notre humanité en quête d’un plus d’être. Jésus nous fait passer à table, ensemble. C’est le signe offert et permanent de son autorité: vie distribuée.

Marie-Dominique Minassian

Equipe Evangile@Peinture

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