Évangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu (21, 1-11) (Passion : Mt 26, 14-27, 68)
Jésus et ses disciples, approchant de Jérusalem, arrivèrent en vue de Bethphagé, sur les pentes du mont des Oliviers. Alors Jésus envoya deux disciples en leur disant : « Allez au village qui est en face de vous ; vous trouverez aussitôt une ânesse attachée et son petit avec elle. Détachez-les et amenez-les moi. Et si l’on vous dit quelque chose, vous répondrez : ‘Le Seigneur en a besoin’. Et aussitôt on les laissera partir. » Cela est arrivé pour que soit accomplie la parole prononcée par le prophète: Dites à la fille de Sion : Voici ton roi qui vient vers toi, plein de douceur, monté sur une ânesse et un petit âne, le petit d’une bête de somme. Les disciples partirent et firent ce que Jésus leur avait ordonné. Ils amenèrent l’ânesse et son petit,
disposèrent sur eux leurs manteaux, et Jésus s’assit dessus. Dans la foule, la plupart étendirent leurs manteaux sur le chemin ;
d’autres coupaient des branches aux arbres et en jonchaient la route. Les foules qui marchaient devant Jésus et celles qui suivaient criaient : « Hosanna au fils de David ! Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur ! Hosanna au plus haut des cieux !» Comme Jésus entrait à Jérusalem, toute la ville fut en proie à l’agitation, et disait : « Qui est cet homme ? » Et les foules répondaient : « C’est le prophète Jésus, de Nazareth en Galilée. »
OVATION POPULAIRE
Long récit qui nous rejoint en ce dimanche et qui nous parle de la vie au moment même où la maladie et la mort a sévi. C’est Lazare, l’ami de Jésus que la maladie a emporté. Ses proches dévastés sont bien entourés, mais c’est Jésus qui était le grand absent au moment où cela s’est passé. Et d’ailleurs, est-ce que les choses se seraient passées ainsi s’il avait été là? Les deux soeurs de Lazare sont formelles: leur frère serait encore en vie. Jésus déroute. Il a su son ami malade et il n’a pas accouru… pire: il se réjouit de n’avoir pas été là. Une raison supérieure vient hisser notre lecture. Et c’est Jésus qui nous la livre: “c’est à cause de vous”. Nous sommes donc la raison supérieure qui le fait agir ainsi. Le malade passé par la mort c’est finalement peut-être nous et notre foi encapsulée dans des formules vides qui ne partent plus de nos entrailles. Parce que c’est bien de là que Jésus va faire trembler le récit et la suite des événements. Ses entrailles remplies d’amour pour ses amis, ses disciples, ces juifs venus au chevet des deux endeuillées, et même jusqu’à ceux qui en veulent à sa vie. Ces entrailles-là nous hébergent tous dans son grand désir que nous revenions à sa vie. Lazare ne semble mort que pour cela: afin que Jésus libère les siens d’une vie confinée à une foi ressuscitée. Une foi dense qui ne remet pas la vie à demain mais qui au contraire la laisse surgir arrimée à la personne même de Jésus, non plus le grand absent, mais le grand présent, le bouleversé. La formule énonce, mais la vie rechigne à s’y conformer. En présence du maître, la vie vient illuminer les mots et les gestes. C’est l’amour qui surgit. C’est l’éternel, ce qui ne passe pas, qui vient alors nous toucher.
La vie n’est pas pour demain. Elle est pour aujourd’hui. Difficile à croire en ces temps où la maladie et la mort occupent le terrain, ravage nos corps et nos aimés. Difficile à faire quand nous ne pensons qu’à ce lendemain de jours meilleurs. L’évangile nous rappelle que la vie c’est aujourd’hui dans le grondement de nos entrailles et la foi qui nous exhorte à être d’intenses vivants, des ressuscités qui vivent aujourd’hui de la créativité de l’amour. Il y a urgence. Jésus n’a pas eu peur de la mort. Ni de la sienne, ni de celle de son ami, parce qu’il est déjà dans l’éternité ouverte par l’amour qui brise tous les enfermements. C’est Jésus qui a eu le dernier mot: un silence invitatoire à croire avec lui à l’amour plus fort que la mort. Invitation à entendre dans les pleurs la vie blessée par l’amour, et à laisser monter en soi la vie relevée par la foi.
Marie-Dominique Minassian
Equipe Evangile@Peinture