Évangile selon saint Marc (11, 1-10)
Lorsqu’ils approchent de Jérusalem, vers Bethphagé et Béthanie, près du mont des Oliviers, Jésus envoie deux de ses disciples et leur dit : « Allez au village qui est en face de vous. Dès que vous y entrerez, vous trouverez un petit âne attaché, sur lequel personne ne s’est encore assis. Détachez-le et amenez-le. Si l’on vous dit : ‘Que faites-vous là ?’, répondez : ‘Le Seigneur en a besoin, mais il vous le renverra aussitôt.’ » Ils partirent, trouvèrent un petit âne attaché près d’une porte, dehors, dans la rue, et ils le détachèrent. Des gens qui se trouvaient là leur demandaient : « Qu’avez-vous à détacher cet ânon ? » Ils répondirent ce que Jésus leur avait dit, et on les laissa faire. Ils amenèrent le petit âne à Jésus, le couvrirent de leurs manteaux, et Jésus s’assit dessus. Alors, beaucoup de gens étendirent leurs manteaux sur le chemin, d’autres, des feuillages coupés dans les champs. Ceux qui marchaient devant et ceux qui suivaient criaient : « Hosanna ! Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur ! Béni soit le Règne qui vient, celui de David, notre père. Hosanna au plus haut des cieux ! »
(Passion : 14,1 -72. 15, 1-47)
DIVINE LECTIO
Nous arrivons avec Jésus en bout de course. Sur le seuil de la grande semaine pascale, chaque année ce sont ces clameurs de joie qui résonnent d’une foule qui ne sait pas ce qu’elle fait pour le meilleur et pour le pire. L’intelligence des événements est ailleurs. Elle est logée au coeur de l’Écriture et de ceux qui la scrutent. Le sens de ce qui arrive se déploie dans une histoire – sainte – qui dépasse les bords du temps et de l’espace. C’est dans le coeur de Dieu qu’elle culmine et trouve sa résolution heureuse. L’acclamation populaire qui ponctue ce récit récapitule la reconnaissance et anticipe une autre joie. Elle est prise dans un niveau de sens que seul Jésus, à cet instant, est capable de percevoir. C’est sa lecture divine des événements qui va nous hisser peu à peu à la hauteur du présent des Écritures. Lui seul sait, à ce stade, par quel effondrement il lui faudra passer, et nous tous avec lui.
Mourir pour vivre, pour donner la vie, n’est pas inné. Ce sera la grande leçon de Pâques qui s’amorce et qui s’avance sans prétention sur un ânon. Les airs triomphants de la scène trouvent ici l’élément discordant qui met sur la piste d’un autre récit en cours. Nous voici mis en éveil. Il y a ici bien plus que Jésus de Nazareth, le thaumaturge dont tout le monde parle, bien plus que le roi espéré ou le Messie flamboyant qui chassera l’oppresseur en s’imposant, soutenu par l’ovation populaire. Il y a dans ces acclamations bien plus que tous ceux qui s’amassent pour joindre leurs voix. Il y a dans le moment précis bien plus que ce qu’on en a dit. Il y a un condensé de sens qui ne pourra éclater qu’en faisant céder toute représentation. Le réel a besoin de se retourner pour y croire. Comment cela s’est-il fait ?
La course folle de l’histoire est en train de vivre un point d’inflexion. Mais elle ne le sait pas encore. Certaines choses reviendront à leur point de départ, comme l’ânon reviendra à son propriétaire. Le pouvoir reviendra aux violents qui l’exercent. Mais la vraie puissance est à l’œuvre et elle s’avance, désarmée, livrée: libre. Le Fils de Dieu nous a dans son coeur. Il est captif de son amour pour nous. Et nous ne le savions pas, préoccupés que nous sommes d’avoir la vie, plutôt que de la recevoir.
Cette nouvelle semaine ne sera pas de trop pour nous faire pénétrer un peu plus avant dans la nécessaire réception du récit essentiel de notre foi. Le monde en a besoin.
Marie-Dominique Minassian
Equipe Évangile&Peinture
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