Évangile selon saint Jean (3,16-18)
OFFRE D’ÉTERNITÉ
“Dieu a tant aimé le monde”… On pourrait s’arrêter sur les premiers mots de ce passage d’Évangile. Cela suffirait, je crois, à nous occuper pour un certain temps… c’est en réalité le portail d’une immense aventure, le point de passage obligé pour pénétrer plus avant dans l’incompréhensible, dans le mystère révélé en Jésus. Ce n’est pas si loin dans le temps… il suffit de revenir à ce que nous venons de vivre et de célébrer à Pâques, puis de remonter le cours de l’histoire jusqu’à son point source… et nous voici rendu à notre page d’Évangile, au point source qui explique tout le reste. Dieu est amour. Sans l’amour qui l’a porté tout au long de sa vie, Jésus n’aurait pas pu aller jusqu’au bout, jusqu’à la mort de la croix. Il n’aurait pu revenir confier sa vie éternisée à ceux qui l’avaient abandonné, voire persécuté. Jésus aime ainsi parce qu’il reçoit l’amour dont il vit de son Père qui ne lui fait jamais défaut. Amour vainqueur de tout ce qui pourrait le terrasser. Amour qui terrasse et désarme les logiques destructrices, les retourne et les met à son service. La croix n’a pas tué Jésus. Elle l’a élevé. La croix n’a pas tué l’amour. Elle l’a élevé. L’amour est devenu pardon offert. À qui ?
Quiconque. Aucun tri. Tout le monde peut prétendre à cette offre d’amour qui enjambe le temps, l’histoire et ses chutes. Il est le début et la fin de l’histoire. Il est l’amour qui est venu nous chercher dans les recoins de notre humanité blessée par le péché, incapable par elle-même de sortir de cet enfermement. Dieu sauve en aimant. L’histoire ne change pas, mais le péché qui la marque trouve une force plus grande. Le souvenir amer s’efface devant le présent de l’embrassement. La croix est devenue cette offre permanente de pardon, cette révélation puissante de ce qui manque à notre vie. Regarder la croix, c’est réouvrir la vie en soi et la recevoir de Jésus qui l’a donnée pour tous. Reste à se glisser dans cette histoire, à devenir ce “quiconque” qui croit à l’amour. Car, pour qui veut bien y croire et se laisser faire, c’est une nouvelle genèse. La croix devient alors annonciation. Sous son ombre, prend chair le désir de vie pour tous.
La Bonne Nouvelle nous traverse et nous pousse à épouser le désir de Dieu que le monde ait la vie, et qu’il l’ait en plénitude. Le récit de l’amour de Dieu pour les hommes nous a été livré par Jésus. Le récit de son amour pour moi y est contenu. Il est à (re)découvrir dans tout ce qui m’a fait croire à l’amour tout au long de mon existence. Nous le reconnaissons à sa capacité à s’effacer pour nous, à vouloir le mieux pour nous. Si nous cherchons à parcourir l’histoire de l’amour dans nos vies, il y aura des visages concrets qui l’auront incarné. Dieu n’a pas d’autre moyen aujourd’hui comme hier pour se dire. Il est logé dans notre histoire et notre coeur et l’Esprit est en attente de notre oui pour devenir toujours davantage son visage et permettre à d’autres de connaître ce grand bonheur d’une vie éternisée par l’amour partagé. L’eucharistie, c’est toujours aujourd’hui: le pain de l’amour à mettre sur la table du jour, et à partager avec quiconque ayant choisi de s’attabler. Les invités au festin de l’amour ne manquent pas. Et s’ils ne viennent pas, il paraît qu’il faut aller les chercher à la croisée des chemins… c’est le Seigneur qui en a besoin.
Marie-Dominique Minassian
Equipe Evangile&Peinture
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