Trente-troisième dimanche du temps ordinaire (B)

POINT D’ORGUE

Les astres en berne, jusqu’au cosmos ébranlé… il est un jour parmi les autres qui va compter plus que les autres et ouvrir une nouvelle ère. Ce jour du temps n’est pas fixé mais il viendra, avertit Jésus. Cette page d’évangile nous plonge en pleine prophétie et nous avons peut-être de la peine à nous représenter ce que sera ce jour, ce Fils de l’homme qui viendra sur les nuées… Peut-être avons-nous moins de mal à ressentir en nous ce que produisent ces lignes à leur lecture ? L’indifférence ? la peur ? l’interrogation ? Qu’est-ce que cela change pour nous de savoir qu’un jour du temps sera précédé de cataclysmes et que ce jour sera celui d’un avènement ?

De toute évidence, ce jour-là viendra tourner la page de la foi. Ce jour-là, on verra. Nous ne serons plus sous le régime de l’obscurité, mais dans la clarté et le dévoilement de ce qui était caché. L’invisible prendra le dessus, non sans remue-ménage dans tout le créé, non sans bousculer les cycles bien réglés. Le régime de la pleine vision nous attend pour replier et concentrer sous notre regard la communauté des êtres déjà nés, de ceux qui vivent déjà depuis cette autre rive, entre terre et ciel.

Il est des êtres qui n’ont pas attendu ces bouleversements et tribulations pour vivre et faire advenir autour d’eux le tressaillement de la Parole. Il est des êtres qui sont déjà nés de cette promesse de vie déposée au creux la Parole de Dieu et qui n’ont pas eu peur de la mort pour vivre depuis l’éternité dont elle recèle. Un jour du temps éclairera soudain tous les autres, nous dit-elle. La foi l’a pressenti et anticipé. Elle fait passer la vie à l’heure du Père. Et quand une vie choisit cette heure-là comme fuseau horaire, alors elle échappe à toutes les joies futiles et à toutes les peurs paralysantes.

Cette vie-là se délie, s’enchante et entraîne dans sa danse tous ceux qu’elle croise. Cette vie-là éclaire de sa connaissance profonde des choses et du sens la nuit de ses contemporains. Elle apaise de sa sérénité les remous des jours à vivre. Elle sait ce qui précède et ce qui suit. Elle y consent libre et profondément heureuse de cette joie ultime qui ne connaîtra jamais d’éclipse car son soleil est déjà là. Son nom nous enveloppe, nous appelle, nous embrasse, nous rassemble et nous envoie clamer par nos vies ensemencées qu’un amour nous attend pour nous faire passer aujourd’hui de ce côté sombre de la vie vers sa source et sa pleine lumière.

A travers ces vies étoilées, une voix sourd et nous murmure: Viens vers le Père ! Que tous ceux qui nous ont précédé dans le Royaume nous encouragent à choisir à chaque instant l’heure du Père, de la paix et de la fraternité en attendant ce jour dernier du temps qui nous le fera rencontrer.