Évangile selon saint Matthieu (22, 1-14)
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Voilà une parabole troublante… ceux à qui elle s’adressait en ont eu évidemment une intelligence particulière, mais elle garde aujourd’hui encore toute sa pertinence pour nous qui la recevons. Car la situation est toujours d’actualité. Le Roi est toujours là. Le Royaume aussi, ainsi que le Fils, et la noce est toujours prête à être célébrée. Si les convives manquent, que dire de la mariée ? Mais au lieu de la joie, c’est la colère qui gronde. Entre les invités dédaigneux, voire haineux, et les convives récupérés sur le chemin peu concernés, difficile de sauver la joie de l’événement ! L’incompréhensible a pris le dessus. La joie du Royaume est maltraitée. L’amour n’est pas aimé… Cette expérience nous est aussi connue. Notre joie ne rencontre pas toujours le bon accueil espéré. Pire: elle semble obscurcir la face des autres, les rendre jaloux jusqu’à vouloir nous supprimer. Qu’importe! Cette joie-là n’est dépendante de rien ni de personne. Le Royaume, personne ne peut nous l’arracher. Il est ce festin permanent, cette proximité offerte avec le maître de la vie. En réalité, la mariée mystérieuse, c’est nous, rassemblés, vivant de ce même bonheur d’être à Dieu. Les témoins, c’est aussi nous: heureux de cette union, gardiens de la fidélité des époux. Les convives, c’est encore nous… heureux du visage de chacun attablé au même festin. Qui pour refuser un tel bonheur ? Peut-être aussi nous à certains moments quand on est tellement préoccupés par nos petites affaires, jaloux de nos prérogatives ou de nos privilèges, ou encore douaniers de la grâce…
Comment être habillé de ce vêtement de noces réclamé par le roi quand on vient d’être pêché sur le bord du chemin? C’est le silence de l’homme devant sa question qui enflamme le roi. L’habit qui convient c’est l’eucharistie sur nos lèvres. C’est la reconnaissance du don reçu. Voilà le signe étincelant de nos vies invitées permanentes au festin des noces de l’Agneau. Nous devenons alors serviteurs arpentant les chemins de la vie et ouvrant les portes du Royaume à quiconque en voudra bien. La fête bat son plein et continue de rassembler ses convives. Ne soyons pas ces « faces de Carême sans Pâques » (Pape François) mais ces serviteurs habités et lumineux d’une joie qui n’attend que d’être partagée. Heureux les possédés de la joie du Royaume !
Marie-Dominique Minassian
Equipe Evangile&Peinture