Évangile selon saint Matthieu (21, 33-43)
FRUITS ATTENDUS
La parabole ne peut être plus claire. Il y a visiblement des fruits disputés. D’un côté le propriétaire de la vigne et de l’autre ceux qui l’ont reçue pour l’exploiter. En jeu: la vigne et son produit. Un fruit pour le moins convoité, et même spolié par ceux qui en avaient reçu le soin. La main qui confie est trahie. Plus aucune autorité ne peut le ramener dans la main qui le réclame légitimement. Jésus n’a pas besoin d’expliquer longuement ce que ses interlocuteurs ont pris pour eux, à raison. Les grands prêtres et les pharisiens sont démasqués. Et Jésus va même jusqu’à prophétiser un autre fruit : celui de leur logique qui les conduira à son meurtre. Mais cette logique-là n’a pas la puissance de celle du maître de la vie. Lui la donne et la reprend. Jésus est le souverain de sa vie. Il sait. Il sait que la vie portera son fruit, ailleurs, autrement, en dépit même de ceux qui étaient censés en prendre soin.
Il y a de quoi réfléchir… pour nous réinvestir dans le soin de ce qui est dans nos mains, ou encore se relever de tout attentat commis contre soi pour s’approprier notre fruit. Voici donc que l’évangile nous donne rendez-vous à ce point de jonction où nous faisons violence au Royaume… tous coupables ! comment ? soit en exerçant la violence en nous appropriant ce qui ne nous appartient pas, ou en faisant disparaître tout ce qui pourrait menacer notre pouvoir. Soit en subissant la violence en renonçant au Royaume et à son fruit devant tant de déchaînement.
Jésus trace la voie de sortie par le haut. A la violence s’oppose la confiance dans la puissance de vie qui l’habite et le porte, et qui lui vient du Père. Sa vie eucharistique est l’antidote à la violence. Il nous fait donc passer aujourd’hui à la table de la vérité. Il est urgent de communier et d’échapper à la tentation de la violence. Ni s’en saisir, ni la laisser nous enfermer dans son pouvoir de nous victimiser. L’évangile nous libère dans le Christ et son abandon parfait au Père. La promesse du fruit est remis dans nos mains: pain du jour pour vivre, pour devenir pierre d’angle du Royaume, ici et maintenant, fruit attendu pour la joie de Dieu et le salut du monde
Marie-Dominique Minassian
Equipe Evangile&Peinture