Évangile selon saint Marc (9, 38-43. 45. 47-48)
Extrait de la Traduction Liturgique de la Bible – © AELF, Paris
BONTÉ PARTICIPATIVE
Voilà une page d’évangile qui surprend mais qui fait du bien. Quelqu’un n’étant pas du cercle des disciples utilise le nom de Jésus pour faire des exorcismes. Jean et quelques autres bien conscients de leurs prérogatives ont mis fin au détournement de la grâce. Car il est bien clair que la suite de Jésus les rend seuls légitimes pour œuvrer en son nom… voilà une logique avec laquelle nous pouvons être à l’aise.
Les cercles dans lesquels on se coopte pour mettre nos biens en partage sont monnaie courante. Les réseaux, les privilèges… nous aimons penser que nous les seuls habilités à ceci ou cela et bien sûr, notre idée du mérite s’étrangle à la pensée que d’autres pourraient à la marge profiter d’un quelconque avantage que nous possédons. Symptôme caractérisé d’une société à caissons étanches, le bien n’a pas de grande chance de survie dans cette conception de castes. Jésus vient casser les murs et autoriser la vie à s’affranchir de ces régulations douanières. La vie en plénitude qu’il désire pour chacun d’entre nous déborde toutes les conditions qu’on pourrait lui poser. Il ne possède pas la grâce dont il est pourtant l’auteur. Sa joie repose dans le bien et sa croissance. Il est tellement libre qu’il ne voit même aucun détournement de son nom tant la vie des autres lui tient aux tripes. Et si l’épisode montre le coeur large ouvert de Jésus, il est surtout révélateur des étroitesses qui ligotent la circulation du bien chez ses proches disciples qui se sont arrogés subrepticement des droits sur la grâce de Dieu. Au contraire, tout est légitime au regard du bien de l’autre si l’intention rejoint celle de Jésus. L’eucharistie ne cesse de nous recadrer, de nous passer au crible de son ouverture la plus stricte: tout ce que nous disons, tout ce que nous faisons, que ce soit dans le sillage du Fils, pour la gloire de Dieu et le salut du monde. Alors notre coeur se réjouira de tout bien, de toute action qui participe à cette lame de fond initiée par le passage de Jésus parmi nous et qui n’en finit pas de nous apprendre à vivre de sa fraternité excessive et de sa bonté participative.
Nous voici donc mis au large, à l’abri de toute tentation protectionniste. Le nom de Jésus n’est pas une marque déposée mais le sésame libre de droit pour le Royaume et sa vie nouvelle: à utiliser sans modération.
Marie-Dominique Minassian
Equipe Évangile&Peinture
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